A l'occasion de l'ouverture au public du Shard, plus haute tour d'Europe, l'auteur s'interroge sur la course aux gratte-ciel qui se déroule dans le centre de Londres et en particulier dans la City (le cœur économique et financier de la ville), assez rare pour être soulignée dans les vieilles capitales européennes.
La skyline londonienne, au coeur de la capitale, un cas rare en Europe. |
"Complétant le tout - consécration pour les uns, désastre pour les autres
-, le Shard (l'"éclat de verre" ou l'"esquille") est le bâtiment le
plus osé et le plus controversé. Sans doute parce qu'il est le plus haut
- et de loin. Cette gigantesque pyramide est due à l'architecte italien
Renzo Piano, l'un des plus respectés au monde dans la profession - il est connu en France pour avoir dessiné le Centre Pompidou avec Richard Rogers. Quand on l'interroge, Renzo Piano avoue que sa tour se termine par une "folie" : les pointes ne se touchent pas, elles s'achèvent sur des angles brisés. Comme une cassure dans le ciel."
"Face à Paris,
capitale parfois critiquée pour être devenue une ville musée,
magnifique mais immuable, Londres a fait le pari d'une évolution
résolument moderne. Quitte à bouleverser son image. Son dessin. Son caractère. "Cet art de la construction est une forme d'énergie, ajoute en écho Renzo Piano. Il faut être à la hauteur de l'héritage des villes merveilleuses d'Europe et ne pas construire n'importe quoi, mais il ne s'agit pas de ne rien faire."
"Villes modernes et mouvantes contre villes classiques et pétrifiées, le débat est lancé. Faire évoluer, quitte à choquer, ou conserver, quitte à étouffer ? Laisser un chaos urbain créatif s'installer, ou planifier dans un souci d'harmonie ? Londres a désormais clairement opté pour la première voie."
"Voilà une clé essentielle de Londres. Jamais personne n'a planifié cette
ville. Jamais un baron Haussmann n'a tracé de grands boulevards. La
capitale britannique, comme une cité moyenâgeuse, se développe au fil de
l'eau, au gré des besoins du moment. C'est aussi le secteur privé qui
pousse les projets, pas les autorités publiques. Chaque fois, un
promoteur vient avec son projet sous le bras, à charge pour lui de convaincre
la ville de son bien-fondé. Aucune des tours construites récemment à la
City n'a fait l'objet d'un concours d'architectes. C'est le promoteur
qui choisit. Il peut mettre en concurrence plusieurs architectes, mais il n'en a pas l'obligation."
"Selon Jonathan Jones,
ce n'est pas tant que la tour soit horrible, mais elle est au mauvais
endroit. Elle ne dépareillerait pas dans une mégapole chinoise ou arabe,
mais n'a rien à faire au bord de la Tamise. Pour lui, le soudain enthousiasme londonien pour les gratte-ciel relève avant tout de l'effet de mode. "Nous
n'avons jamais été très bons en architecture, et nous sommes dans
l'ensemble très conservateurs. Mais dans les années 1990, il y a eu une
révolte contre ce conservatisme. Du coup, plus personne n'ose s'opposer à ce qui est moderne, de peur de passer pour vieux jeu."
le Shard, nouveau symbole londonien (source: wikimedia commons) |
Article intégral:
En images:
Le Shard, nouvelle épine dans le ciel londonien (LeMonde.fr)
Autre article avec son, photo et vidéo sur le site de France Info:
http://www.franceinfo.fr/europe/londres-le-shard-plus-haut-building-d-europe-ouvre-879009-2013-01-31
Réticences parisiennes:
http://www.franceinfo.fr/societe/dossier-du-jour/paris-ne-veut-pas-de-tours-geantes-880055-2013-02-01
Vidéos:
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